-
Chanson d'ailleurs
" Les narines frémissantes, j'aspirai cet air saturé d'énergie. Le gaz des voitures pénétra dans mes poumons. Mais mon cœur se gonfla comme un champ de printemps sous la caresse d'une onde moite et odorante." p.90Chanson d'ailleurs
Auteur: Kim Ae-Ran
Catégorie(s): Roman contemporain
Age: Dès 16 ansParution: Éditions Decrescenzo / 2016Nombre de pages: 165Merci aux éditions Decrescenzo et à Babelio pour l'envoi de ce livre. J'ai trouvé les 4 nouvelles très brillantes! Les histoires sont concentrées sur le quotidien d'hommes et de femmes coréens, habitants transparents et personnages principaux de leur vie.
Quatrième de couverture:
"Voici l’histoire d’une immigrée chinoise arrivée illégalement en Corée pour bâtir une vie nouvelle (Chanson d’ailleurs) ; celle d’une employée de ménage à l’aéroport de Séoul qui voit toute la journée des avions décoller pour des destinations qu’elle ne connaît pas (l’Axe du jour) ; celle de deux étudiantes qui partent en Thaïlande avec leurs dernières économies pour oublier tracas financiers et ruptures amoureuses (Hôtel Naek-ta) ; ou encore celle d’une jeune trentenaire qui pour réussir en société affiche un air heureux de façade (Cuticules)…
Plongés dans des difficultés du quotidien qui finissent de briser l’espoir enchanteur d’une vie heureuse, nos personnages devront chercher leur bonheur ailleurs. Un lieu souvent fantasmé, parfois réel, et qui, pour eux comme pour le lecteur, est tel un rayon de soleil qui émerge de la grisaille."
Un peu plus...
Je ne souhaite pas vous en dire plus, j'ai moi-même préféré me plonger dans chaque nouvelle sans en connaître le résumé.
Malgré tout, les nouvelles sont diverses, je n'ai ressenti aucun lien évident entre elles si ce n'est la vision d'un personnage solitaire. J'ai eu cette vague impression de tomber sur un article "fait divers" dans le journal, puis à la page suivante d'être en train de lire le journal intime de la personne concernée par cet article.
Étrange sensation de sonder une vie, de sonder un paysage et des émotions.
Et les personnages ?
Le chauffeur de taxi de la 1ère nouvelle et la femme de ménage de l'aéroport de Séoul semblent être attirés par le monde sans n'en connaître plus que les avis de leur entourage tandis que des étudiantes décident de faire le voyage pour se découvrir.
La dernière nouvelle est celle qui dégage le plus l'impression de journal intime: l'idée de dépendance à la société de consommation est clairement étudiée par Kim Ae-Ran avec son acheteuse compulsive dans Cuticules.
Ma note: 7,5/10!
Kim-Ae Ran transmet dans chacune de ses lignes, chacune de ses courtes nouvelles, une idée précise qu'elle seule peut nous transmettre. L'idéal pour la lecture de ce recueil est d'abuser de la pause café. De prendre le temps d'un voyage aller-retour maison/boulot/lycée/université pour se poser dans la petite bulle où l'auteur nous pose.
Les descriptions peu longues qui encadrent le récit sont assez réalistes. Elles rendent compte du quotidien de ces acteurs de la vie commune en Corée. Cuticules par exemple est la seule nouvelle à la première personne, c'est une jeune femme qui nous parle, avec ses impressions, de ses tracas quotidiens à l'amertume qu'elle ressent quand elle n'achète pas le dernier produit à la mode. L'amitié franchit le cap de l'autodérision dans Hôtel Neak-ta pour apprendre au lecteur la nécessité d'une discussion dans les cas les plus durs.
L'auteur soutient l'idée de partager un propos venu d'ailleurs, du voisin peut-être, qui aurait envie de se confier à nous lecteurs, spectateur invisible pour eux.
Le seul bémol est la transition d'un point de vue neutre à l'histoire du personnage. C'est difficilement supportable selon moi de lire d'un paragraphe à un autre un récit puis un autre. La tonalité de témoignage est voilé par l'importation d'inconnus de façon subite. J'espère que les lecteurs ne ressentiront pas ce style d'écriture comme une gêne et je vous souhaite une agréable découverte!
Bonne lecture!
Tags : nouvelle
-
Commentaires