" Il y a quelque chose dans le mariage, qui le rend impossible, instituant l'idée que l'amour est un besoin naturel. L'amour n'est pas un besoin, pas davantage le résultat d'un désir; lorsqu'il survient, l'amour est toujours une fracture dans l'ordre du monde. C'est pourquoi des époux dignes, qui s'aiment malgré le mariage, ne se touchent que rarement et toujours selon un rite. "

Ce pays qui te ressemble

Plonger dans l’Égypte des années 40, à l'aube de la Seconde Guerre mondiale (car en Égypte elle ne commence pas en 39), n'est plus une difficulté pour les lecteurs de Tobie Nathan. Ce pays qui te ressemble est prometteur, on aperçoit les rayons du soleil du pays aux trois pyramides à travers les pages. La chaleur n'est pourtant qu'un sentiment qui naît autour des habitants du Caire, opposée à l'austérité des antisémites et des envahisseurs britanniques.

Quatrième de couverture:

La jeune Esther est convoquée par la vie dès l'age de treize ans. Sa famille la croit possédée par les démons depuis sa chute du second étage d'un immeuble et la voit incapable de se trouver un mari et de vivre comme une femme convenable à l'exemple de ses tantes.

Pourtant, Motty va alors s'engager à la soutenir de tout son amour. C'est un homme doté d'une mémoire sans défaut, capable de réciter le Cantique des Cantiques malgré sa cécité.

De cette union naît un petit garçon, un petit égyptien du nom de Zohar, qui bouleversera l'équilibre de ce roman. De sa première journée à la fin de ses jours, nous le suivrons dans son profond apprentissage de la vie.

Et les personnages ?

Humbles, les personnages de l'auteur nous paraissent dotés d'une volonté et d'une nature très complexes. Jusqu'aux dernières pages ils nous étonneront.

Les fréquentations de Zohar l'amèneront à vivre de sa richesse, mais sa tentation vers celle qui est sa sœur de lait va le conduire droit dans le destin fulminant de l’Égypte à cette période de révolution. Celle-ci s’imprégnera de violence progressivement, alors que le lecteur voit les dates se succéder.

Ma note: 9/10!

La plume très douloureuse par bien des aspects de l'auteur nous épouvante de son manque de pitié envers le jeune couple de Zohar et Masreya, cette sœur de lait qui enchantera la lecture tout en nous permettant d'avoir un aperçu de la vie du roi qu'elle fréquentera après plusieurs tempétueuses aventures.

Tobie Nathan, né lui-même en Égypte, plus précisément au Caire qu'il aime nous montrer dans son riche univers de sorcellerie, a vécu cette révolution à l'âge de neuf ans et réussit à communiquer ses sentiments sans faire ressentir au lecteur son opinion.

Toutefois, ses années d'études de psychanalyse et d'ethnopsychiatrie ressortiront dans l'ambiance globale du roman, et dans certains extraits comme celui présenté en-dessous de la couverture.

Concerné par cette franchise dont font preuve les Égyptiens de l'époque, l'auteur crée une atmosphère enrichissante autour du lecteur et l'histoire nous prend aux tripes tout du long. Abreuvés de cette nouvelle forme de culture, les lecteurs pourront enfin non pas comprendre, ce serait naïf, mais envisager le roman de Tobie Nathan comme une source indéniable de vérité, sûrement parce qu'il nous éprend de ses réflexions...

J'aimerai vous convaincre de lire ce roman car il enrichit notre connaissance sur la Seconde Guerre mondiale et sur la vie en Égypte à cette époque... Mondiale. Cette guerre a fait souffrir tant de monde que l'auteur n'a fait que cueillir cette héritage. Le plus beau cadeau de la littérature, c'est ce partage de points de vue.

Bonne lecture!